La ville antique de Théra (parfois aussi orthographiée Thira) était située au large de la côte sud-est de l'île grecque de Santorin, sur la crête inaccessible de la Mesa Vouno, une montagne abrupte de 360 mètres de haut. Cependant, la ville de Thera ne doit pas être confondue avec la capitale actuelle de Fira, qui se trouve sur le côté ouest de l'île.

La ville tire son nom du souverain mythique de l'île, Theras, fils du roi de Thèbes. Au IXe siècle avant J.-C., des colons de Sparte sont arrivés sur l'île de Kallistos (comme on appelait aussi Santorin) et ont décidé de profiter de l'emplacement stratégique de la haute montagne située au sud-est de l'île. Ils ont ensuite nommé la ville et l'île Théra en l'honneur de leur roi. Cette colonie, d'abord insignifiante, a rapidement acquis la réputation de "ville mère" de Cyrène (une ancienne colonie de la côte nord de l'Afrique fondée vers 630 avant J.-C. par les habitants de l'île de Théra).

Une route longue et assez large traversait le centre de la ville, bordée principalement de bâtiments publics. Les bâtiments résidentiels étaient regroupés autour de l'agora (le mot "agora" désigne le lieu de rassemblement au centre de la ville antique où se déroulait la vie publique), la partie orientale du plateau était réservée aux temples et autres bâtiments sacrés, et la garnison était basée en haut des montagnes. Tous les bâtiments étaient construits avec le calcaire de la montagne elle-même ; le bois était rare et donc rarement utilisé comme matériau de construction. La ville comprenait également un port.

Le rôle de la ville a changé dans la seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C., pendant la période dite hellénistique, lorsque la flotte de guerre ptolémaïque pour toute la mer Égée s'est installée dans le port de la ville. La ville a été entièrement reconstruite pour répondre aux besoins des officiers, notamment par la construction d'un chantier naval et de logements pour les marins et les soldats. La flotte a été ancrée ici jusqu'à environ 140 avant J.-C.

À l'époque de la domination romaine, que l'on peut dater du milieu du Ier siècle avant J.-C., la ville et l'île faisaient partie de la province romaine d'Asie et, bien qu'aucun fonctionnaire de haut rang ne résidait sur l'île, la ville a réussi à maintenir sa prospérité et son importance considérable. Après le 2e siècle de notre ère, une nouvelle foi est arrivée sur l'île - le christianisme. La ville de Théra est restée habitée jusqu'en 726 après J.-C., lorsqu'une éruption mineure du volcan Santorin s'est produite et que les habitants se sont déplacés vers la côte de l'île à la recherche d'une vie plus confortable.

Les premières fouilles archéologiques dans la région ont eu lieu au tournant des XIXe et XXe siècles, et ont été poursuivies dans les années 1960 par N. Zapheiropoulos, sous les auspices de la Société archéologique d'Athènes, qui, avec son équipe, a mis au jour la nécropole urbaine de Sellada, à la périphérie de l'actuelle ville de Kamari (une nécropole est un type spécifique de site funéraire historique, le nom vient du grec et signifie "ville des morts"). Les fouilles ont ensuite repris dans les années 1990 sous la direction de l'archéologue allemand Wolfram Hoepfner, et le site archéologique de Thira est aujourd'hui l'un des monuments les plus importants de Santorin. Les découvertes issues des fouilles archéologiques peuvent être vues au musée archéologique de Théra ou, par exemple, au musée archéologique national d'Athènes.